Tour du Silence

Demain le 15 mai sera dans plusieurs régions le Tour du Silence. Chantal Vanasse a l’occasion d’être la porte-parole de l’événement à Laval. Voici en ses mots ce que reflète ce Tour.

C’est avec une fierté certaine que j’assume ce rôle de porte parole pour l’événement du tour du silence. Pour les deux raisons que je suis une cycliste aguerrie depuis plusieurs années, ayant subi un grave accident vélo contre poids lourd en 2011. Ce qui aurait pu me coûter la vie, la pratique du vélo, n’a repris que de plus belle, plus intensément, sans jamais que je connaisse la peur de remonter, tellement mon amour pour le sport a toujours été dominant.

Malgré mon expérience malencontreuse en 2011, je n’entretiens pas l’idée que ce sport soit dangereux. Il comporte des enjeux, comme la plupart des sports, mais comme la vie en générale aussi. Mathilde Blais, décédée à vélo en 2014, était mon élève des cours d’éducation somatique que j’enseignais avant mon accident. J’ai été personnellement touchée de la mort de cette jeune femme qui avait un mordant franc dans la vie. Clément Ouimet était une figure connue du monde du cyclisme; sa mort a suscité une grande mobilisation. Les autres, on les oublie tristement. Un vélo blanc est un emblème du manque de cohabitation. Il ne transporte trop souvent pas le nom de son défunt. Quoiqu’il en soit, cet emblème devrait porter à réfléchir, pour tout un chacun. C’est la raison initiale du Tour du silence. Se rappeler.

Mais aussi réfléchir, donc. Avec tous ces kilomètres parcourus, et par une conscience que j’ai toujours eue, sur la route je m’applique à une conduite modèle. Je m’applique aussi à une conduite sécuritaire. Malheureusement, les deux paramètres ne sont pas toujours conciliables. Il faut user de jugement, de vigilance, mais sans refréner nécessairement notre plaisir de la vitesse, je crois. C’est possible. Après tout, un arrêt bien fait n’est qu’un prétexte pour un meilleur entraînement en « stop and go », non !? Que le plaisir d’une nouvelle accélération grisante. Respectant tout du code de la route, c’est pourtant pour avoir pensé qu’on respectait ma priorité évidente que j’ai été heurtée par ce poids lourd alors que je m’entraînais sur l’avenue Masson à St-François. Sept longues années en arrêt de travail. Et des conditions qui auraient pu mettre en jeu mon parcours en danse contemporaine et en éducation somatique. 

Ce que je veux partager ici, c’est donc ma passion du vélo d’abord. Mais de dire qu’elle est tout à fait conciliable avec la sécurité, le respect du gros bon sens routier (je n’oserais ici dire des règles, qui sont souvent à notre détriment), et surtout du partage de la route. Bien séance, contact visuel systématique aux intersections, conscience de l’autre. Et malheureusement, rester éveiller à la notion que l’autre (cycliste, piéton, conducteur) ne rend pas toujours la pareille de cette conscience, mon accident me l’a démontré.

J’aime finalement ne pas généraliser et tenir un discours du « bon » et du « méchant moyen de transport. Des rebelles, il y en a, quelque soit ce que l’on conduit, pieds, guidon, volant. Il faut simplement conscientiser tout le monde utilisant la route qu’il s’agit d’un terrain commun où circulent différents moyens de transports, qui ont différentes conditions, avec différents degrés de sécurités.

C’est sûrement ma profession d’éducatrice somatique qui me fera aller sur cette conclusion; la conscience de l’autre serait selon moi la ligne de conduite principale à adopter. Ça, et le plaisir, bien sûr !