La légende

Quel bon moment pour vous annoncer la bonne nouvelle que nous ouvrons sous peu dans notre nouvel espace en plein cœur du Mile End! Aujourd’hui marque aussi une étape importante d’un projet particulier qui a débuté au printemps dernier.

Pour ceux ne la connaissant pas, Chantal est une cliente depuis notre tout début qui a l’habitude d’avaler les kilomètres à un rythme effarant. Une nouvelle chaîne par mois, pour vous donner une idée… Une question nous revenait en tête constamment: que se passerait-il si Chantal avait un vélo performant au lieu de son vélo de cyclotourisme? Et bien avec l’aide de Cycles Marinoni, nous allons désormais le savoir!

Chantal nous fera part de ses aventures à vélo sur notre blogue et sur son compte Instagram. Je la laisse d’ailleurs nous raconter la naissance de cette collaboration de son point de vue. À très bientôt!

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« Mais qu’est-ce que t’as fait aux vélos dans une autre vie pour avoir un karma de ma&?*% avec eux dans cette vie-ci ?!? »

C’était l’interrogation de Guillaume qui me voyait arriver avec les vélos trop rapidement sur-usés. Située à trente mètres de chez moi, j’ai adopté la boutique Hors Catégorie depuis pratiquement son ouverture. J’y amenais régulièrement mes vélos. En fait, sur une base si constante que Guillaume n’y comprenait rien; « Qu’est-ce que fait cette cliente pour ronger ses chaînes à ce point, et à ce rythme si rapide surtout ?! »

En janvier d’une année, c’est naïve mais fière que je lui annonce le résultat de mes statistiques de l’année qui venait de s’achever. Probablement l’année où j’avais fait l’équivalent de 43 000km (comprenant le « trainer »; 7\7jours, été comme hiver), il y a deux ans. « Ceci explique cela », que j’ai pu lire dans les billes pers, alors écarquillées, de Guillaume : il venait de résoudre l’énigme de mes vélos sur-usés. Moi, jusqu’alors, je ne lui disais pas mon kilométrage parce qu’il allait de soi. C’est normal pour moi, rouler plusieurs heures par jours. Tous les jours de l’année. Ma dernière pause ? 5 décembre 2014. Le genre de date dont on se souvient. Mes stats ? 2017 : 48 369 km, 2016 : 45 414 km, 2015 : 43 693 km, 2014, 38 392. Avant ça c’est moins fou… Mais intense malgré tout. Dans les 20 000. Nombreux sont les gens qui me répondent « Je fais moins avec ma voiture » Comme quoi je dois avoir le moteur bien huilé !

À la boutique, j’avais appris un jour qu’ils s’étaient mis à me surnommer « la légende »…

Jules m’a demandé quelle est la genèse de la « wondercycliste » que je suis. « Quelle mouche radioactive t’as piqué ? » La vérité ? Ce n’est pas une mouche. C’est mille fois plus gros; c’est un camion poids lourd. Qui a tourné sur moi, alors que je m’entraînais à St-François, Laval. Multi-fractures, quelques organes abimés, traumatisme crânien évidemment, malgré le casque. Une poly-poquée, qu’ils appellent ça, à l’hôpital Sacré-Cœur, où j’ai été hospitalisée plusieurs jours, et suivies pendant quelques années. Avant cet accident, j’étais une cycliste « normale » (+-15 000km par année, intérieur compris). Le lien avec la métamorphose ? Le traumatisme crânien crée une dépression, un sentiment d’incapacité, d’incompétence suite à mes limitations cognitives qui s’installent comme séquelles. L’arrêt de travail se prolongeant, le sentiment de ne rien faire de bon dans la vie, je me suis réfugiée compulsivement dans le vélo, là seul où je me sentais forte et en mesure de me réaliser, là seul où je sentais que je pouvais accomplir quelque chose de concret. Là seul où je sentais que je pouvais dorénavant réussir, puisque ma profession dans laquelle j’étais formée ne m’étais plus accessible. On me disait de faire de l’exercice physique pour contrer la dépression. Je suis une bonne patiente, j’ai pris la prescription à la lettre. Personne n’avait jamais parlé du dosage, et la dépression était très sévère alors j’y suis allée proportionnellement ! Autre aspect; ayant « vaincu » puisque survécu à un poids lourd, sur mon vélo, je me sens toute-puissante, invincible, c’est le lieu où je suis inatteignable. Je m’accroche à ma monture pour poursuivre de me sentir forte, alors que dans « la vraie vie » je me sens une miette remplie de limitations.

Or, Guillaume, un peu fasciné par mon cas; par mes statistiques et par l’état de mes pièces usées que je lui rapportais sur mes vélos, me propose d’abord en boutade, de faire des ultracourses. Au début, je le prends réellement comme une blague, ne croyant pas que mes capacités puissent m’amener là. Parce que je ne crois pas être une cycliste si puissante, je suis seulement très endurante. Mais il me convainc que c’est justement ça, les ultracourses; de rester des heures et des heures sur sa monture. Ah pour ça, je suis capable !!! Par cette proposition, il me titille alors le passé d’athlète de compétition d’élite (dans un tout autre sport), de celle qui n’a jamais vraiment fait son deuil de cette poussée d’adrénaline et du plaisir du dépassement unique au contexte de la compétition. Je ne prends pas beaucoup de temps avant d’embrasser l’idée. Avant d’en être enchantée, et de l’adopter.

Le bénéfice que me fait miroiter Guillaume, c’est que Marinoni pourraient eux aussi être intéressés par mon cas, et vouloir m’accompagner à me construire un vélo fait sur mesure parce que mon accident a laissé des séquelles musculo-squelettiques faisant en sorte que j’ai quelques particularités. L’aventure enthousiasmait Guillaume presque autant que moi… Nah ! je pense que j’étais plus excitée que lui ! N’empêche que je voyais aussi dans ses yeux un éclat d’inspiration certaine pour tout ce projet.

Mon insomnie d’excitation des dernières semaines ne nuit pas encore au projet; je vais rouler pour l’occuper! Ou sinon, j’écris ces lignes, ou j’erre via mon compte Instagram tout naissant (kilomaitre_cv), créé spécifiquement pour témoigner de toute cette aventure de l’été, qui j’espère se perpétuera sur plus d’une saison !